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Miaw Editions: illustrations, livres animés, créations textiles, micro édition, animaux de papier
13 octobre 2010

Le coup de gueule d'une artiste

grandesoeur

Je m'étais dit que j'épargnerais à mes lecteurs le récit de ma vie quotidienne, qui n'intéresse que moi. Mais voilà, j'avais envie de vous faire part de ma colère grandissante et de mon exaspération (et les mots sont faibles) face à la situation qui est faite aux artistes. Certes en Belgique nous sommes protégés, je ne vis pas dans la rue, mais est-ce normal de me "consoler" en me disant cela? N'ai-je pas le droit de vivre de mon art comme le menuisier vit de son savoir-faire?

Pour vous brosser un rapide portrait de la situation: un artiste ou un illustrateur ne peut pas vivre uniquement de ses dessins, faut pas rêver. Il doit multiplier les activités afin de pouvoir boucler les fins de mois. Jongler donc avec une infinité de statuts, contrats, organisations, employeurs. C'est mon cas. En plus de l'auto-édition et du travail de graphiste et d'illustrateur, j'ai vécu pendant 10 ans en donnant ateliers et stages, aux enfants, adultes, sous toute forme, dans toutes conditions, de l'école de ma fille en face de chez moi jusqu'à Alger.

J'ai donc donné mon dernier stage adultes au mois d'août, dans le cadre d'activités d'été. J'étais engagée par un organisme qui paie ses prestataires le mois qui suit le mois qui suit le mois de la prestation (non je n'ai pas fait d'erreur de frappe).

J'attendais donc impatiemment "ma paie", âprement méritée. J'avais pris en effet la décision de ne plus animer durant un an ou 2, de laisser le temps à Miaw Editions de mûrir, se développer et montrer de quoi elle est capable. Un peu ras-le-bol de courir partout, de donner mon temps, mon énergie, alors qu'il m'en reste si peu.

Et voilà que l'on m'annonce que, suite à une erreur d'encodage, je ne serai payée que dans un mois.

Ca c'était le lundi. Il faut dire aussi que chaque année, je me retrouve avec d'énormes intérêts à payer à ma banque car je ne suis pas assez souvent en positif à son goût. A qui la faute?

Le mercredi, pour faire plus court, je me retrouve prise entre 2 feux pour une histoire de commande. Sous quelle forme rédiger la facture, par qui passer, d'un côté une seule possibilité légale pour moi, de l'autre des organismes qui ne sont pas habitués à ce genre de fonctionnement. Entre les entretiens, les coups de fils, les déplacements, il ne me reste plus grand chose de ma journée (qui fait 24 heures comme pour tout le monde). Le temps de fabrication des livres, je le prends sur toutes mes soirées (et mon homme est de la partie!). Le reste appartient à mes enfants.

Entre le moment où je rêve d'un nouveau projet et celui où il est réalisé, il se passe parfois 3 ans.

Et pour terminer, cela fait 2 mois que je reçois des commandes pour le livre "Journée de chien", de la part de libraires venant de la Wallonie toute entière. Je ne suis pas peu fière.

Ce qui est moins drôle, c'est de se retrouver coincée, encore une fois, en tant qu'artiste, fabricant de petites quantités, refusant d'entrer dans un système de surconsommation, entre la demande au compte-goutte qui nous occasionne des frais et une dépense d'énergie énormes, et la difficulté une fois les commandes envoyées de récupérer les documents qui nous permettraient de rédiger les factures!

Le livre "Journée de chien" nous a coûté 1€/pce pour l'impression du contenu. Le travail d'illustration en lui-même n'est pas rémunéré. Avec la couverture, papier, découpe, pliage, interventions à la main, on peut aller jusqu'à 2 euros. Ces 2 euros doivent être multipliés par 5 pour calculer le prix de vente. Nous arrivons aux 10 euros du prix de vente. De ces 10 euros, nous retirons 30% de remise accordée aux libraires (comme les grands). Le reste étant déclaré via une asbl, que nous reste-t-il? Juste de quoi prendre la voiture pour aller jusqu'au point poste. Et les distributeurs? Ils prennent 50%.

Le système applicable aux grosses maison d'édition est totalement inadapté aux petites cabanes comme la nôtre.

Alors, amis libraires, pensez à notre survie! N'oubliez pas de renvoyer les documents que vous recevez avec les livres de Miaw Editions. C'est notre seul moyen d'être payés, et ce n'est pas parce que nous faisons notre travail avec passion et un brin d'inconscience que nous devons vivre d'amour et d'eau fraîche!

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Commentaires
A
Je compatis et adhère à 200%, vive la galère...
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